On part de Lago Agrio le vendredi matin à 9h30 avec nos compagnons d'aventure : un couple de français, un couple américain et un père et sa fille (des néo-zélandais). Il nous faut deux heures de bus pour arriver jusqu'au puente Cuyabeno, d'où partent les bateaux qui s'enfoncent dans la forêt. On fait là la connaissance de Diego, notre guide pour les prochains jours. Le temps de charger les sacs, nous voilà partis pour 26 km de pirogue à moteur sur le rio Cuyabeno (on n'est pas ici sur le fleuve Amazone donc). Notre première rencontre de la faune amazonienne se fait avec un paresseux. Rapidement après, Diego aperçoit un boa qui bronze au soleil sur une branche d'arbre. On s'approche sans descendre du bateau pour prendre quelques clichés. Le ton est donné ! Une bonne averse accompagne notre fin de trajet jusqu'à l'hôtel où on va rester pour les 3 prochaines nuits : le bamboo lodge. Et c'est le grand luxe ! La réserve Cuyabeno, facilement accessible comparée au reste de l'Amazonie, accueille depuis de nombreuses années des visiteurs et le confort s'est grandement amélioré au fil du temps. On dispose de notre chambre double avec moustiquaire, douche privative avec eau chaude, tous les repas sont préparés par un chef et un staff dédié au bamboo lodge. Bref, le confort ! C'est limite étrange et incongru d'avoir accès à autant de services dans un endroit supposément si reculé. Après le déjeuner et un temps de repos, on part explorer la laguna grande, un des 14 lacs de la réserve. Sur ses rives, on rencontre notre premier caïman. Peu de temps après, Diego nous invite à nous baigner, et même si personne n'est très rassuré à l'idée de nager avec des piranhas et dans un lieu où on trouve des caïmans et autres boas, on est plusieurs à franchir le bas ! Personne ne reste très longtemps dans l'eau pour cette première baignade. On assite au coucher de soleil sur le lac avant de rentrer au lodge, de chausser des bottes en caoutchouc et de s'armer de lampes frontales et d'anti-moustique pour une petite marche nocturne autour du lodge. L'objectif est d'observer la faune nocturne, et particulièrement les araignées. On n'a pris aucune photo de ce moment, pour des raisons évidentes, mais on a croisé BEAUCOUP d'espèces différentes. Dont des tarentules, énormes ! Bref, un moment intéressant mais pas forcément agréable pour les arachnophobes que nous sommes. On a aussi pu voir ce soir là un scorpion et beaucoup d'insectes qui peuplent la forêt.


Le lendemain, on descend un peu plus le rio Cuyabeno pour aller visiter un village Siona, une communauté indigène qui vit en Amazonie. Sur la route, on croise de nombreux oiseaux dont des perroquets et des toucans. On observe aussi différentes espèces de singes. Une fois au village, on participe à la récolte de manioc (qu'on appelle yuca en Amérique du Sud) avec deux jeunes habitantes. On assite ensuite à la préparation de crêpes de yuca, les casabes, qu'on déguste ensuite. Même si c'était très intéressant, c'est la partie du séjour dans laquelle on a été le moins à l'aise. Il y a eu au final peu d'échanges avec la communauté et le passage des touristes relève plus de l'attraction que d'une immersion. On vient, on fait des choses qui nous paraissent exotiques, on paye et on repart. C'est un tourisme voyeuriste et hypocrite, et on s'est senti vraiment mal à l'aise pendant ce moment. On revient au lodge en début d'après-midi pour déjeuner et on repart ensuite pour une marche de deux heures, mi diurne mi nocturne, dans un autre endroit de la réserve. On croise là encore pas mal d'araignées, mais aussi des grenouilles et un serpent, parmi les plus dangereux d'Amazonie selon notre guide : le bothrops atrox ou fer de lance commun.


Le troisième jour, on troque le bateau à moteur pour un canot à rames. C'est la journée physique ! On remonte le fleuve sur 7 kilomètres pour déboucher sur un autre des lacs de la réserve. De là, on accoste et on s'enfonce dans la jungle pour une randonnée de 2 heures. On entend la faune qui s'agite (oiseaux et singes) mais on ne sera pas très chanceux pour les voir. On s'attarde donc plus sur la flore et notamment sur les différentes espèces de palmiers. De retour au bateau, on mange au bord du lac avant de reprendre la direction du lodge. En fin d'après-midi, on reprend le bateau pour aller explorer un dernier lac de la réserve, et on tombe notamment sur d'adorables singes nocturnes aux grands yeux. On profite du coucher de soleil pour se baigner dans le lac, cette fois-ci un peu plus longtemps que lors de notre première tentative. Les couleurs sont magnifiques. A la tombée de la nuit, on part à la recherche des caïmans, qui partent à cette heure là à la chasse. La pluie met vite un terme à notre expédition mais on aura quand même eu le temps de s'approcher d'un beau caïman noir de plus de 3 mètres.


Le dernier matin, avant de quitter la réserve, on se lève aux aurores pour partir en bateau observer les oiseaux. On en croisera assez peu par rapport aux jours précédents mais on sera vernis avec les singes : on observe successivement des singes hurleurs, des singes laineux et des singes écureuils. Sur le retour, on aperçoit aussi des loutres géantes d'Amazonie. Après un dernier petit-déjeuner au bamboo lodge, le moment est venu de mettre fin à cette parenthèse de 4 jours. On est très heureux d'avoir pu vivre cette expérience et on mesure la chance qu'on a d'avoir pu observer autant d'espèces dans cet environnement exceptionnel. Notre guide Diego a été un puits de connaissance et nous a transmis tout ce qu'il pouvait avec passion. Il fait ça depuis plus de 10 ans et il a un talent fou pour dénicher les animaux ! On a aussi eu de la chance de partager ce moment avec un petit groupe qui venait avec les mêmes envies et la même vision de comment vivre l'Amazonie. Malgré tout, on reste un peu sur notre faim en ayant l'impression de ne pas avoir pleinement expérimenté l'Amazonie. C'est une région du monde qui fascine, qui fait fantasmer, et on avait sans doute des attentes démesurées en arrivant. On s'attendait à être accablé par l'humidité, à expérimenter des conditions plus rustiques et plus rudes et à tomber sur une faune encore plus abondante, dans un environnement encore plus luxuriant. Au final, le confort dont on a joui a un peu faussé notre ressenti. Comme dit plus haut, la réserve Cuyabeno est aussi la plus facilement accessible donc le tourisme s'y est beaucoup développé (c'est peut-être vrai ailleurs en Amazonie, on ne pourra pas comparer). En plus de notre lodge, il en existe une dizaine dans un périmètre assez restreint. Quand on profite du coucher de soleil sur le lac, il y a donc une dizaine de bateaux autour de nous vivant la même chose, ce qui parait un peu incongru là encore quand on pense à l'Amazonie. Bref, on ne regrette pas du tout de l'avoir fait et on se sait privilégiés de pouvoir vivre tout ce qu'on vit, mais le décalage a été réel entre ce qu'on l'avait imaginé et la réalité.


Prochaine étape, la capitale du pays : Quito !