Perchée dans la Cordillère Blanche à plus de 2200 mètres d'altitude, Caraz est le point de départ de nombreuses randonnées sur une journée ou de treks plus longs. On est arrivé dimanche matin tôt avec le bus de nuit depuis Trujillo. Les lendemains de trajets de nuit ne sont jamais extraordinaires. On ne dort pas aussi bien dans le bus qu'en chambre donc on ne fait pas grand chose en arrivant. C'est aussi bien car ça nous permet de nous réacclimater un peu à l'altitude après notre passage sur la côte. Dans la nuit, Elise tombe malade : intoxication alimentaire. Un séjour en Amérique du Sud sans intoxication alimentaire n'est pas complet ! Elle préfère donc rester se reposer en espérant que ça passe pour être en forme les jours suivants. On avait prévu avec un petit groupe une sortie à la journée à la laguna Paron, à 4200 mètres, et c'est donc seul que je m'y rends. La balade est parfaite pour la ré-acclimatation, le bus nous laisse tout prêt de la laguna et on a ensuite le loisir de se promener sur des petits chemins pour profiter du paysage époustouflant offert par les sommets enneigés. De retour au village, Elise ne se sent pas vraiment mieux. Après une deuxième nuit bien pourrie, on décide de changer d'auberge pour aller dans l'hostel de Juan Carlos, qui nous avait organisé la veille la sortie à la laguna Paron. Là-bas il y a une cuisine et on pourra donc se faire du riz et des pâtes en attendant que ça aille mieux. Le plus dur est passé mais Elise étant toujours très faible, c'est en solo que je continue à explorer les alentours les deux jours suivants. Je me rends d'abord au cañón del pato, là où les cordillères blanche et noire sont les plus proches (elles sont séparées par le rio santa, qui est vraiment très étroit à ce niveau-là). La route emprunte une ancienne voie de chemin de fer, qui a été détruite lors du tremblement de terre de 1970. On passe dans différents tunnels bien étroits. En fin de journée, je me joins à Juan Carlos et à quelques personnes de l'auberge pour aller visiter une distillerie d'agave. Le Pérou, et notamment la région de Ancash dans laquelle nous sommes, est une grosse terre agricole (pommes de terre, framboises, fraises, mûres, myrtilles, etc. et agave donc). On suit donc Victor dans la présentation des différentes variétés d'agaves sauvages utilisées pour produire leur alcool. On finit la visite par une petite dégustation très chouette dans un cadre incroyable.

Le lendemain, je pars de bonne heure à l'attaque de la laguna 69, l'un des lacs de montagne les plus réputés de la région. Après une bonne ascension sous un temps splendide et sans croiser personne, j'arrive dans un paysage à couper le souffle où les nevados enneigés se reflètent dans le bleu du lac. C'est magnifique et encore très paisible car j'ai réussi à arriver avant les bus de touriste en prenant le colectivo local. Je m'isole donc plus de deux heures en haut, à bouquiner, écouter des podcasts. Je prends le temps de déjeuner avec vue avant de redescendre tranquillement pour retourner à Caraz. Le soir, Elise se sent bien mieux et on accepte l'invitation de nos amis Loris et Malorie, qui sont toujours en ville mais dans un autre hébergement, à venir manger avec eux. Leur hôtel est un peu en dehors de la ville. Il est tenu par Jorge et Bely, un couple qui s'est installé là il y a une dizaine d'années et qui a crée un cadre incroyable avec vue sur les monts enneigés. On (enfin je, Elise ne tente pas le diable) déguste les bières artisanales de Jorge, qui s'est installé un atelier de brassage semi-professionnel il y a peu, et on se régale avec leur cuisine locale. Je goûte le lomo saltado, un plat typique péruvien, quand Elise se contente d'un délicieux bouillon de poulet. Jorge et Bely étant des fans de karaoké, on finit la soirée en poussant la chansonnette, tantôt en anglais, en espagnol ou en français. Après ce très bon moment, on rentre chez nous à une heure raisonnable pour passer une bonne dernière nuit avant de reprendre la route. On va d'abord se lancer dans un petit trajet à rejoindre Huaraz, la capitale de la région Ancash dans laquelle on se trouve. On va d'abord tester comment Elise supporte le trajet sur 70 km, en espérant pouvoir faire quelques marches à Huaraz, avant de descendre sur Lima.