Il faut de la motivation pour arriver jusqu'au village d'El Cocuy, pourtant pas si loin de San Gil. L'état des routes impose de descendre jusqu'à Tunja (déjà cinq bonnes heures de trajet) avant de remonter et d'arriver à destination (on rajoute 9h). Les transports se sont bien enchaînés et on a pu voyager de nuit pour arriver au petit matin. Le changement de température se sent tout de suite à 2750 mètres d'altitude et on est bien contents de sortir pour la première fois nos polaires et nos tuques ! Après avoir essayé une première auberge qui ne nous plaisait pas (sauf la vue), on pose nos sacs à El Caminante pour les trois prochaines nuits. A côté de l'auberge, on est agréablement surpris par un super café de spécialité (le meilleur qu'on ait croisé selon l'experte !) qui deviendra notre QG pour tout le séjour. Ils produisent et torréfient eux-mêmes le café dans le village d'en dessous et toute l'équipe est adorable.

Mis à part la marche, peu d'activités sont proposées dans la région. Et ça tombe bien, on est là pour ça ! Seules trois randonnées sont accessibles dans le parc naturel national El Cocuy, à la demande des communautés indigènes qui vivent dans la Sierra Nevada. On choisit de faire la plus longue mais celle qui monte le moins haut (à plus de 4600 mètres malgré tout) : celle qui mène à la Laguna Grande et glacier Concavo. Avant de s'aventurer dans le parc, il est conseillé de faire une journée d'acclimatation dans les alentours pour ne pas ressentir le mal de l'altitude. Le mardi matin on part donc à pied de l'auberge pour explorer le coin et notamment le lac naturel Palchacual, à une dizaine de kilomètres. Le temps est superbe, on ne croise personne ou presque. Après 2h30 de marche avec un pic à 3700 mètres, on arrive sur le lac et on déjeune, seuls, au cœur de ce magnifique environnement ! On rentre à l'auberge en milieu d'après-midi, contents de notre marche d'acclimatation et excités par ce qui nous attend le lendemain ! On se couche tôt pour être en forme le lendemain matin quand le réveil sonnera à 4 heures ! Vers 5 heures on quitte l'auberge à bord d'une Jeep avec notre guide Dario (guide obligatoire dans le parc) et nos trois camarades pour la journée : Joep et Rome, un couple de hollandais, et Suzanna, une flamande. Il nous faut 1h30 pour atteindre le départ de la randonnée, à 3700 mètres d'altitude. On se met en marche dans la bonne humeur et dans la fraîcheur matinale. Très vite, les premières montées nos réchauffent. On traverse des paysages magnifiques, notamment le paramo, un écosystème qu'on ne retrouve que dans certains pays d'Amérique du Sud et caractérisé par les frailejones, une végétation quasi désertique. On aperçoit aussi sur notre route le Pulpito del Diablo, un rocher immense qui s'élève de la Sierra Nevada et qui ne se recouvre jamais de neige (mystère local) et la Pan de Azucar, son voisin qui lui est enneigé. On veut prendre des photos partout où on pose nos yeux ! Notre guide nous impose de nombreuses pauses pour que l'on s'habitue à l'altitude progressivement. Il nous faut un peu plus de quatre heures pour atteindre la Laguna Grande, lac naturel entouré de glaciers, et une demi-heure de plus pour aller au pied du Concavo, à plus de 4600 mètres d'altitude. On ne peut pas toucher la glace, élément sacré pour les communautés indigènes, mais on est bien contents d'être arrivés jusqu'ici ! On commence ensuite le retour en guettant les nuages qui se dirigent vers nous. Après une pause déjeuner bien mérité dans une petite grotte naturelle, on se remet en route et la pluie fait son apparition ! La brume nous permet d'apprécier autrement les paysages et même si on a un peu plus froid qu'à l'aller, ça reste superbe et on se régale ! La météo ne nous incite pas à faire autant de pauses qu'en montant et on met trois heures pour retourner au point de départ. On se récompense par un bon chocolat chaud avant de remonter dans la Jeep et de rentrer au village et de faire sécher nos affaires au coin du feu ! On passe la fin de journée avec notre petit groupe, d'abord au café à côté de l'auberge puis au restaurant. Tout le monde est au lit tôt et on trouve le sommeil très rapidement ! Le lendemain, journée de repos et de transition. On profite une dernière fois du village et de l'auberge en attendant notre bus de nuit qui doit nous amener à Mongui, notre prochaine destination.