Au départ de La Paz, de nombreuses agences proposent des excursions sur deux ou trois jours pour aller gravir le Huayna Potosi, un sommet qui culmine à 6088 mètres. On en entend parler depuis un bon moment car plusieurs voyageurs qu'on a croisé nous en ont parlé et ont attisé notre curiosité. On a longtemps hésité avant de se lancer dans l'aventure mais on s'est dit qu'on regretterait de ne pas le faire, alors nous y voilà ! Le mardi matin, on retrouve à l'agence nos deux guides, Ismael et Omar et on fait connaissance avec Marco et Florent, deux autres Français qui vont être nos compagnons de cordée. On essaye le matériel fournit par l'agence avant de se mettre en route pour le camp de base, à 4700 mètres d'altitude. On fait l'excursion en trois jours, ce qui laisse le temps la première après-midi de s'essayer à l'escalade sur glace avec piolets et crampons. On passe un bon moment avec notre petit groupe. Florent et Marco voyagent avec leurs familles respectives en camping car depuis plus d'un en Amérique du Sud. Assez drôle, Florent vient d'un petit village de Franche-Comté à quelques kilomètres de là où a grandi Elise. On passe la première soirée à 4700 mètres dans un refuge au confort modeste et la nuit sera plutôt mauvaise pour tout le monde. Maux de têtes pour les uns, crampes d'estomac pour les autres, les petits symptômes de l'altitude sont là ! Après une matinée tranquille, on met nos sacs sur le dos (entre 15 et 20 kg quand même) pour rallier le campo alto, à 5200 mètres d'altitude. Il y a seulement deux kilomètres mais avec les sacs et la fatigue, il nous faut deux heures pour l'atteindre ! Les derniers mètres s'apparentent plus à de l'escalade dans les roches qu'à de la randonnée, et avec les gros sacs il vaut mieux être prudents ! Là encore, les organismes sont usés par les efforts et l'altitude, et on prend tous conscience du défi qui nous attend jusqu'au sommet ! On a l'après-midi pour se reposer, on prend le repas du soir à 17h (on ne mange quasiment rien, toujours gêné par des crampes d'estomac) et on essaye ensuite de dormir jusqu'à minuit. C'est l'heure à laquelle on se lève pour se préparer à commencer l'ascension vers 1h30 du matin. Trois couches en bas, cinq en haut, trois couches sur les mains, casque et frontale sur la tête, deux paires de chaussettes chaudes, crampons aux pieds, nous voilà lancés vers le sommet. Il y a quelque chose de magique à marcher en pleine nuit avec la lune, le ciel étoilé et les sommets autour de nous. C'est très fort ! Malheureusement, on ne sent toujours pas très bien, faibles sur les jambes car on n'a pas réussi à trop manger les derniers jours et les crampes d'estomac encore bien présentes pour Elise. On s'encourage, on avance à notre rythme avec notre guide en se disant qu'on ira jusqu'où on pourra mais sans penser pouvoir atteindre le sommet. Au fil des heures, on se met de mieux en mieux (sans que ce soit la grande forme quand même) et on se met à espérer de pouvoir y arriver. Après 5 heures de marchés (pour à peine 6 km), on est récompensé de notre persévérance puisqu'on arrive en haut du Huyana Potosi pour le lever du soleil ! La vue est incroyable avec les sommets de la Cordillera Real tout autour, la vue (un peu bouchée) sur le lac Titicaca d'un côté et de l'autre une mer de nuage qui suggère le début de la forêt amazonienne. On ressent de la fierté de nous être dépassé pour atteindre cette altitude qu'on n'atteindra probablement plus jamais de notre vie. On profite du moment tous les deux mais aussi avec nos compagnons d'aventure. On ne peut pas rester plus de 15 minutes au sommet pour permettre à tout le monde d'en profiter. La redescente est plus rapide mais nous parait interminable. Elle met nos genoux à rude épreuve. On se rend mieux compte aussi avec le jour levé de ce qu'on a traversé à l'aller, quelques murs bien vertigineux et pas mal de crevasses ! Une fois en bas, le petit bus de la compagnie nous ramène à La Paz. On devait partir le soir-même pour Sucre mais on décide de rester deux nuits pour bien se reposer avant de repartir. On se souviendra longtemps de cette ascension, qui à mes yeux revêt un caractère encore plus exceptionnel que le Machu Picchu. On savait moins à quoi s'attendre, on était vraiment en dehors de notre zone de confort et on a dû se faire violence pour arriver en haut. Le Huyana Potosi restera un moment très fort de ce voyage !