Après un long mais plutôt bon trajet en bus, nous voilà dans la capitale du département d'Antioquia. On emprunte le métro (Medellin, qui se prononce ici Médéjine) est la seule ville du pays à en être équipé (et elle n'en est pas peu fière). Une fois les sacs déposés à l'auberge, qui s'avérera être celle qu'on a le moins aimé depuis le début mais j'y reviendrai, on part explorer le centre ville. Direction la Plaza Botero, qui héberge une trentaine de sculptures de l'artiste, né à Medellin. Comme on avait pu le voir à Bogota, il aime les formes rondes, les animaux et les corps humains nus. Paradoxalement, le fait que ce soit à l'air libre et pas entre les murs d'un musée rend le spectacle moins impressionnant, même si ça reste colossal. La pluie (encore elle) nous pousse ensuite à nous réfugier à l'intérieur du musée Antioquia, qui accueille de nombreuses donations de Fernando Botero (tout un étage lui est consacré), avec des oeuvres qui vont des années 1960 aux années 2010. Sur les autres étages, on trouve des tableaux d'autres artistes majeurs d'Amérique du Sud. Autant la partie sur Botero nous a tenu en haleine, autant la suite a été plus compliqué, notamment à cause d'un manque de connaissance de l'histoire de l'art mais aussi de la fatigue qui se faisait pas mal ressentir après le trajet en bus. On a repris la direction de l'auberge pour se poser un peu avant de ressortir pour aller au stade dans le quartier Laureles, juste à côté de notre hébergement. On a assisté avec d'autres personnes de l'auberge à une partie de Copa Libertadores (équivalent de la ligue des champions en Amérique du Sud) entre le Deportivo Indenpendiente de Medellin et un club chilien. On était en virage avec les supporters du DIM (le petit nom du club) et ils ont assuré l'ambiance du début à la fin ! C'était vraiment un super moment, et en plus nous nouvelle équipe favorite a gagné !

Le matin du deuxième jour, on a visité le Poblado, quartier réputé pour ses bars et ses restaurants. Et à part ça, il n'y a rien à voir. C'est très touristique et sans grand intérêt si ce n'est pour faire la fête. On a quand même pris un bon café avant de repartir vers la Casa de la Memoria. C'est un musée qui se penche sur l'histoire récente de Medellin et du département d'Antioquia, marquée par la violence. Le conflit qui a fait rage dans la région du milieu du XXème siècle jusqu'à maintenant est complexe à appréhender avec de nombreux acteurs impliqués. Ce superbe lieu nous a permis d'avoir quelques clés de lecture supplémentaires pour mieux comprendre les déplacements de population, les disparitions forcées, les opération militaires, etc. Le soir, on a déambulé dans le quartier de l'auberge, Laureles, et notamment autour de la setenta (la 70ème rue), fameuse pour ces bars et ses boîtes. C'est pas vraiment ce qu'on recherche de manière générale, mais il y a un côté Disneyland/Las Vegas à marcher au milieu de toutes ces enseignes qui ne lésinent pas sur les néons, les spots colorés et les enceintes. Pour notre dernier jour, on avait réservé une visite guidée de la Comuna 13, le quartier emblématique de la violence passée de Medellin devenu aujourd'hui une attraction touristique. Pour la faire courte, il y a 16 comunas (arrondissements) à Medellin et la treizième était notamment celle de Pablo Escobar et a connu beaucoup d'affrontements. A sa mort en 1993, tout le monde (autres narcotrafiquants, groupes révolutionnaires armés comme FARC et M-19, les paramilitaires, etc.) a essayé de s'attribuer sa part du gâteau et la situation est devenue invivable pour les habitants. L'armée a mené plusieurs opération d'envergure dans la zone, dont l'opération Orion en 2002 qui a fait beaucoup de victimes civiles. Le quartier est encore pauvre mais est en pleine transformation depuis une petite dizaine d'années. Les investissements ont été conséquents pour désenclaver les quartiers (plus de 20 quartiers réunis dans la comuna 13) construits sur les reliefs de la cordillère. Des escaliers électriques et des téléphériques ont notamment été mis en service pour faciliter la vie des habitants de la trece, et ont ainsi permis son ouverture sur la ville et sur le monde. C'était vraiment enrichissant de faire cette visite avec notre guide Andres, né dans le quartier et y habitant encore. Par son témoignage on arrive mieux à imaginer, sans pouvoir le faire pleinement évidemment, ce qu'était la zone il n'y a pas si longtemps. Sans ça, difficile de se projeter tant elle est devenue une attraction touristique, avec des graffitis sur tous les murs, une (petite) grande roue, du saut à l'élastique, des restaurants et des bars partout, des touristes à la file indienne, des stands de vente de souvenirs sur les trottoirs (avec des t-shirts de bon goût à l'effigie de Pablo Escobar), etc. Bref, l'expérience a été ambivalente, entre l'intérêt qu'on y a trouvé et le fait d'avoir conscience de contribuer à ce tourisme voyeuriste.

De manière générale, ambivalent est un bon mot pour décrire notre séjour à Medellin. On a apprécié individuellement toutes les activités qu'on a pu faire, mais sans qu'il en ressorte un sentiment général très positif. La ville ne se visite pas vraiment, elle se vit plus (on a d'ailleurs pris très peu de photos). Tous les voyageurs qu'on a croisé était là pour une seule raison : faire la fête, ce qui n'était clairement pas notre envie du moment. On s'est donc senti en décalage avec la ville, avec les gens de l'auberge. Et c'est notamment ce qui fait qu'on la considère comme la moins bonne depuis le début, ou du moins la moins adaptée pour nous. Tout le monde fumait partout, dormait la journée et buvait à partir de 17 heures, musique à fond dans les parties communes jusqu'à minuit. On ajoute à ça des installations vraiment très basiques (lit superposé pas solide avec le matelas du haut à 30 centimètres du plafond, bonjour la claustrophobie), une cuisine plus que sommaire, un ménage quasi inexistant des sanitaires, etc. C'est le premier lieu qu'on quitte avec plaisir en deux mois ! C'est pas très grave, il fallait bien que ça arrive et on en rigole déjà. On a surtout hâte de retrouver un peu de calme et des villes plus petites, de randonner de nouveau dans la belle nature colombienne. Ce sera pour bientôt avec la zona cafetera. En attendant, direction Guatapé, petite ville à deux heures de bus de Medellin et l'une des plus visitées du pays.