San Andres de Pisimbalà est un tout petit village perdu dans le département du Cauca. Il nous aura fallu 4 heures depuis Popayán pour l'atteindre. Malgré son caractère reculé, il est souvent visité pour ses sites archéologiques, vestiges du peuple sculpteur dont on avait déjà parlé à San Agustín. Par chance, on est en ce moment en basse saison et il n'y a absolument personne sur site ! On croisera seulement une voyageuse allemande, un voyageur espagnol et un groupe d'étudiants de l'Université du Cauca. C'est peu pour des sites qui s'étendent sur plusieurs hectares !

En descendant du bus, on se met en quête d'un logement et sur les conseils d'un habitant que l'on croise, notre choix se porte sur l'hospedaje Pisimbalà, lieu familial qui fait aussi restaurant. C'est basique mais tout y est. Après un bon repas, on explore une première partie du parc. Les vestiges se concentrent essentiellement sur 5 lieux. Après une visite du musée du parc, on se dirige vers le premier plateau, el alto de Segovia. Là, on peut descendre dans les tombes ! Elles sont creusées entre 3 et 6 mètres de profondeur, certaines ont des colonnes, elles sont parfois recouvertes de motifs peints en rouge, noir ou blanc. De véritables tombes funéraires ! Certaines sont petites mais d'autres bien plus grandes, on imagine qu'elles étaient destinées à une personnalité importante de la communauté. Avant que la pluie ne tombe trop fort, on a le temps de visiter le deuxième plateau, el duende, sur lequel on retrouve moins de tombes mais ça reste impressionnant. On revient sous la pluie en passant par le village.

Le lendemain matin, on se met en route pour le lieu le plus reculé du parc : el alto del aguacate. On l'atteint après une belle marche d'une heure avec un beau dénivelé qui offre une jolie vue sur San Andres de Pisimbalà et sur Inza, la villa d'à côté. Les tombes y sont un peu différentes de celles des autres sites : elles ont une forme plus circulaire, sont plus basiques à l'intérieur et même les escaliers qui y descendent sont moins travaillés que ceux de la veille. Les vestiges du site el aguacate sont plus anciens que ceux des autres sites, ce qui pourrait expliquer ces différences. Sur les murs, pas de peinture blanche mais uniquement du rouge et du noir, avec par endroits des dessins de lézard. On continue ensuite la randonnée pour atteindre el alto San Andres, où on peut découvrir 2 immenses tombes dont une qui abrite sur une colonne la peinture de visage humain la mieux conservée du site. C'est superbe ! La charge de travail que représente une telle chambre funéraire en dit beaucoup sur l'importance du passage dans le monde des morts pour ces peuples précolombiens et sur la frontière fine entre le monde des morts et celui des vivants. Les archéologues ont établi que les lieux de vie s'organisaient vraiment autour de ces tombes, et des restes de céramiques utilisées pour la cuisine ont par exemple été retrouvés. Après ce site, on fait une pause repas au village avant de découvrir le dernier lieu du parc localisé près du centre. El alto del tablon est le seul site qui regroupe des statues similaires à celles vues à San Agustin. Ici, pas de tombes, et difficile de savoir pourquoi et quand ces statues ont été construites. Une chose est sûre, c'est impressionnant ! On retourne enfin à l'auberge par le chemin emprunté la veille (el duende et segovia) et on arrive juste avant la pluie. On se réfugie dans la chambre et on passe la fin d'après-midi devant un film. On ressortira juste dîner tout près de l'auberge. On aura passé deux jours au calme et ça nous aura fait du bien de retrouver la marche et la nature !