On prend le bus en milieu de matinée pour rallier la ville d'Uyuni, point de départ de notre prochaine excursion. Après un trajet de 7h, on arrive à destination en fin d'après-midi. Uyuni est une ville assez glauque au milieu de nulle part à plus de 3500 mètres d'altitude. Il fait froid, il vente, ça donne envie ! On passe à l'auberge déposer nos sacs et on rejoint dans une pizzeria Martin, Valentine et Romain avec qui on va passer les 4 prochains jours à explorer le salar d'Uyuni (le plus grand désert de sel du monde) puis la région du Sud Lipez. Le lendemain matin, notre guide Juan Carlos vient nous chercher à l'auberge dans son 4x4 ultra confortable et on se met en route tous les 6. Dès la sortie de la ville, on découvre un cimetière de trains. Jusque dans les années 1980, beaucoup de minerais étaient expédiés dans tout le pays par voie ferrée depuis Uyuni. C'était l'activité principale de la région, avant que les mines soient abandonnés. Il reste de cette époque plusieurs locomotives aujourd'hui mangées par le sel et la rouille. Le site fait son effet mais beaucoup de touristes sont sur place et on se remet en route rapidement pour se rapprocher de l'entrée du salar. Quelques kilomètres plus loin, on découvre la communauté de Colchani, peuplée par les travailleuses et les travailleurs qui exploitent le sel du désert. Après récolte, le sel passe une semaine au soleil pour un premier séchage naturel. Il passe ensuite au four pour quitter toute l'humidité avant d'être moulu à la bonne taille. Il est ensuite mis en conditionnement pour être envoyé sur tout le territoire bolivien. La production du salar couvre toute la consommation du pays en sel. De nouveau dans le véhicule de Juan Carlos, on parcourt les derniers kilomètres qui nous séparent de l'entrée du désert. C'est impressionnant de rouler sur ce sol blanc qui se perd dans l'horizon. D'une superficie de plus de 12000 km², le salar d'Uyuni est le vestige d'un ancien lac d'altitude (on est ici à 3600 mètres) qui s'est évaporé il y a plus de 15 000 ans. Il était plus grand que le lac Titicaca ! Sous nos pieds (ou plutôt sous nous roues), la couche de sel fait selon les endroits entre 30 cm et 200 mètres d'épaisseur ! C'est dément. Dès l'entrée du salar, on tombe sur un monument hommage au Dakar, course délocalisée depuis de nombreuses années et qui a emprunté les routes boliviennes au milieu des années 2010. On découvre également le premier hôtel de sel construit dans la région, aujourd'hui reconverti en musée. On en profite aussi pour céder à la tentation de quelques photos touristiques en jouant sur la perspective. Quelques centaines de mètres plus loin, on retrouve notre guide Juan Carlos qui nous a dressé le couvert en plein milieu du désert ! Il a mis les petits plats dans les grands et c'est de loin le décor le plus incroyable dans lequel on ait déjeuné. On poursuit notre découverte des lieux en mettant le cap sur l'île Incahuasi (la maison de l'Inca). La Bolivie était du temps du règne Inca un territoire de l'empire et l'Inca lui même faisait arrêt sur cette île dans son trajet vers le sud. Aujourd'hui, c'est un îlot de roche volcanique et de coraux au milieu du sel sur lequel sont perchés des milliers de cactus géants. Le décor est là encore incroyable. On passe un bon moment à profiter du lieu avant de se mettre en route vers Agenchas, petite communauté où on doit passer la nuit. Sur la route, on fait un dernier arrêt pour profiter du coucher de soleil au milieu du salar avec une vue sur les montagnes qui séparent la Bolivie et le Chili. Les couleurs sont magnifiques, c'est un moment magique ! On finit ensuite la route pour atteindre l'hôtel de sel dans lequel on va dormir. La température est fraîche mais Juan Carlos nous régale encore une fois avec un bon repas (un pique macho) et une bouteille de vin bolivien. La soirée se termine avec quelques parties de cartes.

Le lendemain, on se remet en route après un bon petit déjeuner et on quitte rapidement le salar d'Uyuni pour entrer dans le Sud Lipez. On commence par découvrir un mer de coraux pétrifiés, encore une fois vestige du passé de la région : l'eau était là puis l'activité des volcans alentours a engendré la pétrification des coraux. On est toujours à près de 4000 mètres d'altitude. On met ensuite le cap sur le volcan Ollagüe, qu'on observe depuis un mirador. De l'autre côté de celui-ci, c'est le Chili ! Une petite fumée se dégage du sommet, ça a un certain charme ! Après encore un bon repos concocté par Juan Carlos, on reprend la route en passant par quelques lagunes d'altitude, dont la laguna Katun, au bord de laquelle on observe nos premiers vizcachas (des rongeurs à mi chemin entre l'écureuil et le lapin). D'autres animaux peuplent la région : les camélidés comme les lamas et les vicuñas, mais aussi leurs prédateurs que sont le puma et le renard. On finit la journée en déambulant dans la ciuadad de piedra, d'immenses roches magmatiques crachées par les volcans du coin. On rejoint en fin d'après midi notre deuxième refuge dans la communauté de Villamar, à 4200 mètres d'altitude. La nuit s'annonce bien plus froide et la température est glaciale dans la chambre à notre arrivée. On se réchauffe avec une douche étonnement chaude étant donnée les infrastructures du site et autour d'une boisson bouillante en jouant aux cartes. À l'heure du repas, le poêle à bois de la pièce centrale est allumé et on a du mal à le quitter au moment d'aller dormir ! On se réfugie sous les couvertures et la nuit se passe plutôt bien.

Pour notre troisième jour, on continue à s'enfoncer dans le Sud Lipez. On fait un premier arrêt autour de la laguna Hedionda, à la forte concentration en soufre. Elle abrite aussi de nombreux flamants roses et bien qu'on soit en plein hiver (et donc que la plupart des oiseaux aient migré au Chili pour la saison), quelques groupes de flamands sont présents pour nous accueillir. La région accueille trois des six espèces de flamands roses du monde (james, chilien et andin) et le spectacle est splendide ! On déjeune d'ailleurs autour du lac à profiter du spectacle. En après-midi, on atteint le désert de Siloli où l'on découvre l'arbol de piedra, une roche volcanique taillée en forme d'arbre par les projections de petits cailloux sous l'effet de fortes rafales de vent (surtout en août, avec des pointes à plus de 100km/h). On rentre ensuite dans la reserva Eduardo Avaroa, qui s'ouvre par la laguna colorada. Elle abrite en temps normal des milliers de flamants roses. Encore une fois, ils sont moins nombreux à cette période mais certains font de la résistance ! Le vent souffle très fort et c'est une des raisons pour laquelle ce lac d'altitude change plusieurs fois de couleur au cours d'une même journée. On marche une petite heure sur le site malgré le froid avant de parcourir les derniers kilomètres jusqu'à notre dernier refuge, toujours à 4200 mètres d'altitude. Juan Carlos nous a prévenu : ce sera notre nuit la plus froide ! Pas de chance pour nous en plus, une vague de froid traverse en ce moment la Bolivie. On partage notre dernier repas en groupe : le lendemain, on continue avec Martin et Valentine vers le Chili pendant que Romain reste en Bolivie et retourne sur Uyuni. Juan Carlos nous régale encore avec un super repas et on finit la soirée avec notre petit rituel de groupe : un jeu de cartes. On est au lit très tôt car le réveil sonne à 4h30 pour notre dernière journée en Bolivie. La nuit est effectivement glaciale mais l'empilement des couches (de vêtements et de couverture) nous permet à tous de passer une nuit à peu près correcte.

Pour nos ultimes heures boliviennes, le programme est chargé ! Départ 5h30 en pleine nuit. C'est magique de rouler au milieu de nulle part quand il fait -10°C dehors avec les étoiles et la lune (un tout petit croissant ce jour). On en prend plein les yeux. Après une heure de route, on atteint le point le plus haut de notre excursion : 5200 mètres d'altitude. C'est là qu'on trouve différents geysers qui crachent en permanence une imposante vapeur de soufre. C'est encore une fois incroyable ! Ces geysers sont en fait les sorties de canaux d'évacuation pour les volcans de la région. C'est donc grâce à eux que ces 🌋 ne sont pas en perpétuelle éruption ! Vraiment un moment fort du tour ! On enchaine avec un autre arrêt incroyable : des eaux thermales à 38°C à plus de 4000 mètres d'altitude et une température extérieure de -8°C. Les quelques mètres entre le vestiaire et l'eau sont difficiles mais la récompense est à la hauteur de l'effort ! On barbote pendant une demi-heure à admirer le lever du soleil sur les montagnes jusqu'à ce que Juan Carlos vienne nous sortir de l'eau. On reprend la route pour nos derniers kilomètres boliviens à travers le désert, toujours entre volcans et lagunes d'altitude. Juan Carlos nous aide à passer la douane puis la migration bolivienne avant de nous laisser continuer notre route vers le Chili.


On aura vraiment passé 4 jours hors du temps avec une bonne équipe et un guide/cuisinier aux petits soins et toujours attentionné. Les paysages traversés et leur étendue nous ont époustouflé ! La Bolivie est deux fois plus grande que la France (pour une population d'à peine 11 millions d'habitants) et on le comprend mieux en avalant tous ces kilomètres de plaines au milieu des volcans en croisant très peu d'habitations. Et c'est sans parler de l'Amazonie bolivienne, où la encore la densité de population est très faible.


Notre passage en Bolivie aura été très court et on aurait aimé découvrir plus de ce pays qui semble avoir tant à offrir. Malgré cela, on aura vécu des moments très forts ici entre l'ascension du Huyana Potosi et cette traversée du salar d'Uyuni et du Sud Lipez. On aura aussi eu très froid en Bolivie et on n'est pas mécontent d'aller vers des altitudes plus basses et donc des températures un peu plus clémentes (on l'espère en tout cas !). On se lance maintenant dans le découverte du Chili, notre dernier pays sud américain. C'est assez dingue pour nous de passer cette dernière frontière qui nous semblait si loin au début du voyage. On en a parcouru du chemin. La fin se rapproche et ça nous fait tout drôle. Il nous reste trois semaines pour profiter pleinement du continent !