Le trajet a été long jusqu'à San Agustín : plus de 8 heures et trois transports différents. On était content d'arriver, et encore plus à la casa de François, un hébergement tenu par un français installé en Colombie depuis près de 30 ans. Le lieu est superbe, tout est fait en guada (qui ressemble à du bambou) avec des murs en terre cuite peints en blanc et le jardin regorge d'arbres fruitiers. On se sent tout de suite bien !

San Agustín est une ville de 30 000 habitants qui diffère un peu des autres communautés de même taille en Colombie. On sent l'influence coloniale mais moins qu'ailleurs, la vie est moins organisée autour de la place centrale et les façades sont moins colorées. Il s'en dégage une belle douceur de vivre et ce sont surtout les alentours qui valent la peine : des cascades, des champs de café et de cannes à sucre et des sculptures précolombiennes à foisons. La région est connue pour son peuple sculpteur, qui a habité la région pendant près de 2000 ans avant l'arrivée des conquistadors et qui avait l'habitude de tailler d'immenses sculptures anthropomorphiques dans des roches volcaniques. Cela faisait partie notamment de rites funéraires pour l'enterrement de personnalités importantes de la communauté. Il y a en plus de 500 dont la plupart est regroupée dans 3 parcs archéologiques. Vraiment curieux et impressionnant !

Le deuxième jour, on a fait un tour en voiture pour découvrir différents lieux d'intérêt de la région, dont le salto de bordones, une cascade de 400 mètres de haut et l'estrecho del magdalena, le point le plus étroit du rio Madgalena (2,20 mètres). De là, on peut presque passer de la cordillère centrale à la cordillère occidentale, c'est superbe. Dans la même journée, on a aussi découvert le salto de mortino, une cascade plus petite (200 mètres quand même) qui n'a rien à envier à un parc d'attraction. Chaque activité est payante : tyrolienne, pont en verre pour les selfies, balançoire géante, etc. Même la marche de 10 minutes est payante! Ce n'est pas vraiment notre tasse de thé mais c'est le tourisme qui plait beaucoup aux colombiens. On attendra plus d'une heure que deux colombiens de notre groupe fassent toutes les activités avant de reprendre la route vers d'autres lieux. Bref, sur cette journée on aura fait beaucoup trop de voitures à notre goût mais ça nous aura permis de découvrir les alentours plus simplement que si on avait voulu le faire par nos propres moyens. Et ce jour là on a aussi fait un arrêt dans une production de panela, sucre naturel obtenu à partir de jus de canne à sucre. C'était super intéressant d'observer toutes les étapes du procédé de fabrication. Par jour, ils peuvent sortir entre 3000 et 5000 kg de panela !


En se baladant en ville, on a découvert le tinto cafe tenu par Fred, un allemand installé ici depuis quelques années. On a pas mal discuté et il nous a proposé de partir découvrir une ferme de café avec laquelle il travaille. En plus de son café à San Agustín, Fred gère aussi une agence de tourisme et une entreprise d'exportation de cafés de spécialité ! Le département du Huila est celui qui produit le plus de café en Colombie, bien qu'il ne se situe pas dans l'eje cafetero historique. Grâce à Fred, on a passé trois heures dans la finca LLanara, une ferme familiale qu'on a visité avec Oscar, la dernière génération de caféiculteur. 70% de la production est organique, différentes variétés de cafés typiques de Colombie et d'autres plus rares coexistent dans cette plantation à plus de 1700 m d'altitude. Oscar nous explique l'importance d'avoir un sol de qualité (riche en hummus et en micro organismes bénéfiques qui participeront à l'optimisation du sol). La présence de nombreux arbres fruitiers, d'immenses arbres d'ombrage et de plantes utiles au stockage de l'au jouent également un rôle dans la richesse du sol. Nous parlons de la réalité d'être caféiculteur et des défis des prochaines années. Après cette déambulations dans les plants de café, nous nous installons sur la terrasse de sa maison et nous dégustons plusieurs. Ils sont d'une très grande qualité. Oscar nous montre ensuite son petit laboratoire qu'il a développé afin de faire de nombreuses expérimentations pour connaître parfaitement ses différentes variétés de café et savoir comment optimiser chacune d'elles pour un résultat en tasse incroyable.


On a quitté la finca pour aller manger au marché de la ville, toujours avec Fred. Ambiance ultra typique, on a beaucoup aimé. L'après-midi, on a visité les infrastructures de Wilson, qui propose des services de contrôle qualité aux producteurs de la région. On est resté deux heures à cupper.


Au final, on a passé 6 jours à San Agustín, soit deux de plus que ce qu'on avait prévu mais il y a beaucoup à voir et on a bien accroché avec l'ambiance. On profite aussi pleinement des derniers jours en Colombie, on voit la fin se rapprocher. On a pris le temps aussi de discuter de l'organisation des semaines à venir et on a arrêté notre date de passage de la frontière équatorienne : ce sera le 27 avril.